L'évolution
J’ai commencé par faire des natures mortes. A l’époque, je me suis dit « quoi de plus représentatif d’une nature morte qu’une bombe insecticide » J’ai donc peint des bombes insecticides. Ensuite j’ai peint quelque chose comme l’équivalent d’une pomme qui ne pourrit pas, à savoir des coloquintes. Puis des natures mortes plus classiques, y compris un menu Quick que j’étais allé acheter à Paris uniquement pour le peindre, et que je n’ai pas mangé.
Après cela j’ai eu envie de peindre des personnages. J’ai fait des portraits, de personnes imaginaires ou réelles, des nus. Comme ce nu par exemple, ou l’on voit une femme à l’allure mélancolique, dans décors hâtivement brossé. Je commençais déjà à chercher à m’éloigner d’une représentation « réaliste ».
Avec ce « paysage vert reposant » j’ai fait, si je me souviens bien, ma première vente. Je pense avec nostalgie à cette femme qui a aimé ce tableau, j’ai malheureusement oublié son nom, mais je ressens encore sa douceur et sa bienveillance. Ce paysage que je qualifiais de reposant, elle m’a confirmé quelques temps après le trouver reposant aussi elle même. Rien ne pouvait me faire plus plaisir. C’est un paysage qui peut sembler simpliste, et pourtant j’ai dû travailler longtemps pour trouver cette sorte d’équilibre dans le vide, cette sorte évanescence. C’est aussi à ce moment que j’ai voulu m’éloigner de façon radicale d’une représentation réaliste, malgré le regard désapprobateur de certaines personnes de mon entourage. J’avais fait mon choix, et ma voie n’était pas dans la représentation photoréaliste.
J’ai fait cette peinture, que j’avais appelé « Paysage avec un ombre qui passe inaperçue à première vue » que j’affectionnais tellement que lorsque j’ai fait une exposition (en 1999 ou 2000 je ne sais plus) j’avais refusé de la vendre, et j’ai dû plusieurs fois confirmer mon refus devant l’insistance de l’acheteur. Cette peinture était dans la maison dans laquelle mon père est décédé, qui était la maison de mon enfance, et je pensais que parce qu’elle était accrochée au mur, cela signifiait que ma famille l’appréciait aussi. Malheureusement, après la mort de mon père, lorsque ma mère a déménagé, la peinture a été jetée aux ordures avec certaines autres auxquelles je ne tenais pas particulièrement, et il ne me reste plus comme souvenir que cette vielle reproduction. Je vous laisse imaginer mon émotion lorsqu’après le déménagement j’avais voulu récupérer mon tableau. J’ai eu le tord de laisser traîner les choses, et de présumer de l’intérêt qu’on pouvait porter à ma création.
Beaucoup de mes tableaux sont des sortes de peintures souvenirs, plus ou moins simplifiés et recomposés. Je retrouve en les regardant l’atmosphère particulière d’un moment, comme un instant qui s’éternise. J’aime cette organisation qui se fait par l’intuition de la peinture, qui impose ses lois de couleurs, de composition et d’espace, et donne à une sensation fugace un charme qui se prolonge indéfiniment.
Beaucoup de mes tableaux sont des sortes de peintures souvenirs, plus ou moins simplifiés et recomposés. Je retrouve en les regardant l’atmosphère particulière d’un moment, comme un instant qui s’éternise. J’aime cette organisation qui se fait par l’intuition de la peinture, qui impose ses lois de couleurs, de composition et d’espace, et donne à une sensation fugace un charme qui se prolonge indéfiniment.
L Je cherche rarement à faire passer un message compliqué, et lorsque je met des symboles, ils sont les plus simples possibles, voire à prendre au pied de la lettre. Pour moi l’intérêt est dans le mystère la peinture elle-même, dans la vie dont elle se charge par son interaction avec le spectateur, et je souhaite particulièrement que ce soit réellement cela qui se dégage en première et en dernière intention.
C’est de cette manière que j’ai fait un triptyque « Les 3 ages » qui repose simplement sur la dualité de l’homme, par son principe féminin et masculin. Les décors, les personnages sont réduits à leurs plus simples expressions, à ceci près que le couple adulte « bénéficie » d’un modelé un peu plus poussé. J’y vois là un contraste entre l’esquisse de l’enfance et l’effacement dû à la vieillesse.
C’est de cette manière que j’ai fait un triptyque « Les 3 ages » qui repose simplement sur la dualité de l’homme, par son principe féminin et masculin. Les décors, les personnages sont réduits à leurs plus simples expressions, à ceci près que le couple adulte « bénéficie » d’un modelé un peu plus poussé. J’y vois là un contraste entre l’esquisse de l’enfance et l’effacement dû à la vieillesse.